Dans son monde intérieur

7 Novembre 2018

Elle a rêvé. Parce que parfois, le quotidien la fait suffoquer, qu’elle éprouve le besoin d’envoyer valser la rationalité et le matériel et toutes ces choses qui nous empoisonnent, petit à petit grignotent notre âme.

Elle a rêvé de territoires inexplorés, de combustion du jour, elle a rêvé de voir s’étendre devant ses yeux un parterre de riens, un parterre de tout.

Elle a rêvé de voir de petits cailloux, des cailloux si minuscules qu’ils lui entailleront les pieds mais à la lueur des étoiles, ils scintilleront comme autant de diamants, révélés dans l’antre de la patience, révélés seulement aux initiés. Un trésor comme autant de signes, que l’émerveillement n’est pas mort,

Et qu’il lui reste du temps. Du temps pour voir au-delà des frontières, des espaces, une vie cachée, balbutiante, trépidante, peut-être un peu des deux.

Alors, elle change son fusil d’épaule. Elle qui jusqu’à présent était secret, chuchotements tapissés aux murs, derrière de lourdes tentures de velours,

Là voilà aventureuse, certaine que son combat est juste, et sain, et partagé par une poignée d’individus, preuve qu’elle va dans la bonne direction.

Elle pourrait hurler, ou pleurer, ou laisser les larmes tracer des sillons sur son visage fatigué.

Mais elle est régénérée, et la seule pensée qu’elle puisse se démoraliser, l’outrage.

Aux armes citoyens, formez vos bataillons ! ... Son courage en étendard, la résignation pour les faibles.

Les faibles justement, ne sont-ils pas ceux qu’elle doit protéger ? Oh la honte qui monte, se recroqueviller... mais non ! Ne pas céder aux craquellements, aux appels de la terre brûlée.

Qu’elle représente la source de l’espérance, de la hargne grevée au cœur, d’un ailleurs donc d’un possible, qu’elle soit le rayonnement de l’indicible,

N’est ce pas là la solution ?

Car comment atteindre la grandeur, si ce n’est par la voie de l’esprit ?

Elle n’en est pas peu fière de cette répartie. En société, elle s’en serait glorifiée et même gonflée, d’une telle phrase, elle l’aurait portée, comme d’autres étalent leur savoir. Avec un rien d’aveuglement,

Et de suffisance.

Pour l’heure elle est seule. Bon - rien n’est perdu. S’il faut former une communauté, elle se rendra dans tous les endroits, troquets, bouges, cabarets, tripots où l’obscurité est reine, la fraternité une loi, et elle claironnera des histoires inouïes, duquel l’humain sortira toujours miraculeusement,

Vainqueur,

Et de bravades en aberrations,

Elle la constituera,

Son armée de l’impossible.

Son armée de branquignols.

Andiamo !...