Les petites aventures de Monsieur et Madame tout le monde
5 Décembre 2018
J’ai remonté le fil des jours, lentement, avec un rien de découragement. Je portais sur mon dos un ballot de peine, des larmes refoulées, un idéalisme sans cesse démenti,
Par la réalité.
Ah les belles paroles de la jeunesse, la confiance toujours vive, renouvelée,
Envolée.
Envolés.
Et mon regard vers le ciel s’est porté,
J’ai tout oublié.
Un nuage sous la voûte céleste se transforme, grondant, menaçant,
Je n’ai pas peur.
Moi la particule,
L’ersatz gonflé,
De stérilité,
Je n’ai pas peur.
Certains se scandaliseront, d’une telle attitude. D’autres y verront la preuve, de mon renoncement.
C’est étrange comme l’on s’accroche, comme cela nous parait important,
Comme l’insipide saveur de vivre emplit notre palais,
Nous rend amnésiques.
Je ne prétends pas alléger mon fardeau. En le touchant du doigt, je parviens même à me sentir,
Soulagée,
Et émue,
Par sa présence.
Tant de personnes traversent votre destinée, sans en avoir l’air, sur la pointe des pieds,
Une légère pression, une impulsion,
Timide et maladroite,
Quand d’autres impriment leurs marques, décidés à rester,
A faire de vous,
Un autre homme,
Une autre femme,
Puis disparaissent,
Disparaissent tout de même.
Qui peut se vanter de maîtriser le temps ?
Qui peut se vanter de le saisir, de le faire reculer ? C’est une vanité innommable, dont nous nous rendons coupables.
En pensant pouvoir...
En croyant...
Je ne crois rien,
Je ressens.
C’est ma meilleure garantie.
Celle qui me permet,
De rester en vie.
Que l’ombre s’affole, me somme de respecter,
La vertigineuse,
L’affolante,
Célérité des jours,
Qu’elle tonne des imprécations,
S’adoucisse,
Remâche des nuances,
De désespoir,
Me supplie d’avoir pitié,
Je ris.
Je ris.
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