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petites-aventures-ordinaires.fr

Les petites aventures de Monsieur et Madame tout le monde

La mer

En bleu, se tisse mon horizon. Il y a le clapotis des vagues, une brise soufflant sur la côte, quelques enfants s’échinant à faire voler un cerf-volant, habités par l’enthousiasme et la fièvre de l’innocence, ou peut-être par ce parent rêveur qui les poursuit de leur assiduité. Et je me demande de quel côté va pencher la balance, le parent redeviendra t’il sérieux, l’enfant, transi de frustration, grandira-t-il, armé d’un biscuit du pays des merveilles (qu’il engloutira au moment opportun) pour sommer son ainé de cesser ses gamineries ?

La balance incertaine m’arrache des bouffées de curiosité, tandis que les rires des gamins résonnent, et que le père, à bout de bras, soulève la toile pour donner l’illusion de l’envol, éloigne de ses fils l’objet de leur convoitise et c’en devient cruel, cette lutte inégale entre ce grand enfant et les mômes trépignant puis boudeurs, et entre eux, la gaité s’est évaporée pour laisser place à un esprit,

De revanche.

Je laisse tomber mon regard sur celle qui, à mes côtés, échappe à ce spectacle. Cela relève purement et simplement,

De sa volonté.

Elle est allongée sur le ventre, un bras replié sous la joue, paupières closes, offrant à ma vue dubitative son visage apaisé. J’éprouve une tentation infinie à me laisser glisser sur ses courbes généreuses, à rouler sur l’expression,

De sa sensualité,

Comme un jeu grandeur nature,

De toboggan.

Au lieu de cela, j’observe, je profite. Je suis statufié, enchanté par les éléments, à la lisière de devenir obséquieux – en tout cas, reconnaissant pour ce cadeau que ma cher et tendre m’a faite,

De manière fortuite, et tout à fait inattendue.

Sa manière à elle,

De me rappeler qu’elle m’aime.

Moi aussi, je me suis comporté comme un enfant. Je ne le dis pas trop fort mais... En arrivant à la plage, j’ai couru comme un dératé, je me suis enseveli dans le sable, je me suis souvenu que ça grattait – j’ai grimacé, me suis ébroué, j’ai râlé.

Très vite, je me suis calmé. Elle m’observait avec son regard d’azur, un reproche au fond des pupilles. Alors, tranquillement, nous nous sommes installés. Et j’ai humé, j’ai goûté, j’ai senti,

L’ivresse,

Et l’apaisement,

De faire partie du temps qui passe,

Ou qui ne passe pas. Qui stagne. Qui s’arrête. Une horloge en panne,

Ça ne m’a pas dérangé,

Ça ne me dérange pas.

Il faudrait que le temps s’étire au contraire, que plus jamais il ne s’écoule.

C’est un vœux pieu.

Je le sais,

Je ne m’y résous pas.

J’ai oublié – cela fait si longtemps, la granularité du sable qui s’écoule entre mes doigts, la sensation de l’attente – une attente sans but, sans cause, une attente pour l’attente et c’est une telle libération, d’être là, un rien parmi le tout, un corps, une matière dans l’oxygène de l’univers,

Le poumon de la vie.

Je voudrais vivre toujours là,

Entre les cheveux de soie,

D’une femme qui me taquine, me soutient, m’agace,

Parfois,

Et le roulis de l’eau,

La brise sans port d’attache,

Mes pulsations,

Mon harmonie,

A moi.

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