Un ailleurs

Un silence, et une danse. Je m’élance, je prends de la hauteur. La lumière est accueillante, elle m’enlace. Mais il ne faudra pas qu’elle se transforme en geôlier, voilà qu’elle m’enserre et je n’ai plus de voix. Pas d’au secours qui tienne, me menace le plafonnier, à coups de watts agressifs. Je saurai te couper la chique. Ton grand corps ne me fait pas peur...

Mais je sais moi, que ton agression est factice. Il suffit que j’appuie sur l’interrupteur. Et hop, ton aigreur et ta puissance, ont disparu.

Et mes guiboles toujours, ont soif de découvertes. Les voilà qui, à pas de loup, partent en exploration du vaste monde, au milieu du salon.

La poussière vacille : sous mes yeux, elle est source d’émerveillement, elle se divise et elle flotte, elle est comme un navire crépitant d’étincelles, après l’attaque surprise de Barbe Noire. Mais ! Voilà qu’elle change de sentiment et soudain, se met à me poursuivre. Halte là, particules belliqueuses. Vous avez donc oublié, comme nous dansions ensemble, comme notre harmonie était belle, sensuelle et nous rendions le monde jaloux. Vous ne manquez pas de culot, vous êtes sacrément ingrates, je dirais même, oublieuses de cette amitié que je vous offrais pourtant,

Si volontiers.

Mais cessez donc, de me poursuivre de vos ardeurs. Qu’ont donc les éléments, à ne pas s’accommoder de ma joie, de ma bonne humeur.

Est-ce si difficile à supporter ? Je vous en prie, ne me dites pas que dans mon logis, duquel je prends grand soin, vous ne vous sentez pas bien ? Je suis persuadé qu’il suffirait de quelques froufrous, cher plafonnier, sentir sur votre épaule la douceur d’un voile, d’un pompon, d’un drapé,

Et de bénéficier parfois d’un peu de liberté, un passage au travers de la fenêtre, et votre animosité s’envolerait, poussière adorée.

Mais chut, j’entends venir, qui ose ainsi troubler notre étonnante, notre si singulière intimité ?

Un œil inquisiteur fond sur ma personne. Jeu de jambes croisées. Demi-tour...

—     Parfois, soupire ma mère en s’éloignant, je me demande vraiment ce que je vais faire de toi...