Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
petites-aventures-ordinaires.fr

Les petites aventures de Monsieur et Madame tout le monde

Elle

Adèle s’observe, engoncée dans ce bustier en dentelle trop petit pour elle. De couleur corail, il fait ressortir le teint cuivré de sa peau, et les rondeurs de ses formes refusant de se laisser dompter, enfermer par le tissu.

Cette tenue ne lui va pas du tout. Elle pourrait porter ce message en étendard, afficher une mine dégoûtée, froncer le nez, à sa propre vue. Voire même militer pour une énième campagne de pub slim fit… Pourtant, elle se trouve belle.

Ce n’est pas objectif, bien sûr. Mais il est des circonstances où l’objectivité n’est pas de mise.

Et aujourd’hui, est un jour comme celui-là.

Aujourd’hui, elle a quitté Fabrice - Fabrice Audebar, rugbyman, 32 ans, son copain depuis deux ans, qu’elle a rencontré via une appli fastlove alors que Fabrice était célibataire depuis deux ans, et elle, depuis que son dernier petit ami s’était arraché avec une créature aux yeux hypnotiques, d’un bleu céruléen – un mirage, une émanation d’un autre monde.

De l’eau a coulé sous les ponts, depuis…

Si elle a pris la décision de quitter Fabrice, ce n’est pas sur un coup de tête, l’un de ces échauffements qui se produisent lorsqu’une dispute de couple tourne vraiment mal et que l’on a ensuite du mal à se regarder dans la glace.

Non, avec Fabrice, c’était plutôt comme un lent écoulement, un long fleuve tranquille, et l’on oublie de se poser des questions sur sa personne. On en oublie qui on est.

Evidemment, elle est coupable. Evidemment, elle s’est laissé glisser, dans ce monde où le temps n’existe plus. Et les gens. Où elle-même n’existait, que dans le regard de Fabrice.

Il a suffi d’un souffle, un retour vers la réalité, un sursaut et elle s’est retrouvé affolée, gobant l’air comme si elle avait manqué de vivre, pendant des années. Et des années. Et des années…

Alors, elle a quitté Fabrice. En est-elle fière ?

En vérité, elle ressent comme un poids. Et de la nausée.

Mais aujourd’hui, elle se reconnait.

Du moins, elle le croit.

Quelques fois, la gentillesse ne suffit pas. Celle de Fabrice, ne suffisait pas.

Parfois, la douleur nous rattache davantage au réel.

Et ça, elle le sait,

Elle ne le croit pas.

Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article